Deux
nouveaux venus d’abord.
Miguel Bonnefoy
donne dans Sucre noir (Rivages 2017) le récit d’une
famille dont la quête d’un trésor disparu va bouleverser le destin. Mêlant la
réalité vénézuélienne à la mythologie caribéenne, ce roman foisonnant et
jubilatoire est construit autour d’une femme, Serena Otero, personnage qui
tient à la fois de la légende et de la plus triviale réalité. Entre amour et
argent, canne à sucre et pétrole, rêve et réalité, tragédie et burlesque,
Miguel Bonnefoy livre un roman d’une ample inspiration, à l’écriture vive et
légère.
Du même auteur, les
Editions Rivages rééditent Le voyage d’Octavio (Poche 2016) et
Jungle (Poche 2017).
Autre nouveau
venu : Paolo Cognetti. Dans son roman, Les huit montagnes (traduit
par Anita Rochedy, Stock 2017), deux jeunes garçons passent ensemble plusieurs
étés successifs dans les montagnes du val d’Aoste. Bruno vit dans le village où
Pietro et ses parents viennent en vacances. Ce sont des gens de la ville, mais
le père de Pietro est depuis toujours fasciné par les montagnes qu’il veut
faire découvrir à son fils. Pourtant c’est Bruno qui sera son meilleur guide et
quand ils seront adultes, après des errances, des séparations, c’est dans ces
mêmes montagnes qu’ils se retrouveront.
Paolo Cognetti
emmène le lecteur en grande randonnée. Le souffle de son écriture est puissant,
les caractères des personnages sont rocailleux et son amour de la montagne ne
s’accommode d’aucune facilité. Dans un précédent récit, Le garçon sauvage
(10/18, 2017), il tenait un « carnet de montagne », journal
d’un été dans le val d’Aoste.
Son dernier roman, Tout
homme est une nuit (Seuil 2017), Lydie Salvayre le situe dans un
tranquille village provençal. Au Café des Sports, les clients refont le monde à
leur manière, lançant diatribes et quolibets à qui veut les entendre. Le sujet
de leurs rancœurs est un inconnu au visage un peu basané, récemment installé au
village, en convalescence. C’est un euphémisme de dire qu’il est mal reçu et
plus mal perçu encore. Méfiance et soupçons le poursuivent jusqu’à l’épisode
violent qui révélera la force des uns,
la lâcheté des autres.
Lydie Salvayre
excelle ici à dessiner des personnages : figures attachantes,
bienveillantes, fragiles d’un côté,
individus vulgaires, violents, ternes, lâches de l’autre. Elle ponctue
son récit des belles formulations, des expressions recherchées, du langage
raffiné de l’inconnu. En face, les autres s’expriment avec grossièreté,
muflerie, vulgarité. Cela constitue un récit vif, enlevé, tonitruant, violent,
mais aussi plein de finesse, faisant la part du rêve et laissant ouverte la
possibilité d’une rémission, tant de la maladie physique que de l’état
d’esprit.
Une rencontre avec
Lydie Salvayre est retranscrite ici.
Et encore...
La tendresse de Jeanne Benameur dans L'enfant qui (Actes
Sud 2017): un enfant à la recherche de sa mère disparue.
L'érudition de Claudio Magris dans Classé sans suite (traduit
par Jean et Marie-Noëlle Pastureau, Gallimard/L'Arpenteur 2017): un inventaire
des armes de guerre en possession d'un collectionneur, Trieste et sa Rizerie
d'effroyable mémoire durant la Seconde Guerre mondiale.
L'histoire familiale en cinq ou six générations de Patrick Deville
dans Taba-Taba (Seuil 2017): de l'ancêtre venu d'Egypte au XIXe
siècle aux attentats de 2015, de Patrick enfant, assis sur un escalier en
compagnie d'un aliéné, à l'écrivain voyageur faisant tour de France et tours du
monde.
L'hommage de Sorj Chalandon aux mineurs de Liévin dans Le
jour d'avant (Grasset 2017): des années de colère avant de se venger de
la mine.
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