Des pages noires dans l’Histoire
Mêler fiction et événements historiques, les
romanciers en sont coutumiers. Le roman policier traque les secrets et les
non-dits de l’Histoire pour tisser des intrigues vraisemblables et
passionnantes. Aux lecteurs de s’accommoder de l’interprétation, d’identifier
les faits réels. Parcours dans l’Histoire du vingtième siècle.
Anila
Wilms est albanaise et c’est dans son pays
d’origine qu’elle situe l’intrigue de son premier roman : Les
assassins de la route du Nord (traduit de l’allemand par Carole Fily, Actes
Sud 2018). S’inspirant d’un fait réel, elle retrace des événements qui se
sont passés à la fin de la Première Guerre mondiale, alors que l’Albanie vit de
profonds changements, que le Sud tente d’imposer sa volonté au Nord, que les
puissances étrangères entrevoient de possibles enrichissements dans ce pays
méconnu. Deux Américains sont assassinés sur la route du Nord, territoire
résistant qui veut continuer de vivre sous le code ancestral du Kanun.
Trouver les auteurs du méfait semble d’une grande simplicité, mais les enjeux
politiques et diplomatiques mêlés aux rumeurs apparaissent bien plus
compliqués.
Anila
Wilms offre une aventure foisonnante, mêlée d’humour, teintée de poésie, férue
d’histoire. Une présentation du roman est ici et ses premières pages sont disponibles sur le site des éditions Actes Sud.
La Trilogie des ombres d’Arnaldur Indridason
comprend
Dans l’ombre, La femme de l’ombre, Passage des ombres (Métailié 2017,
2018). Dans l’Islande occupée par les troupes alliées, les trois romans
mettent en scène la Situation, ainsi que les Islandais nomment cette
période de la Seconde Guerre mondiale, qui a vu la population de Reykjavík
doubler en raison de la présence de soldats britanniques et américains. L’île est un enjeu stratégique, le pays est
en plein bouleversement, la population est partagée entre mythologie et
modernité. Deux jeunes enquêteurs, un Islandais et un Nord-Américain né de
parents islandais, sont chargés d’élucider des crimes où se mêlent le nazisme,
la collaboration, la corruption, la diplomatie, l’occupation. Ils s’acharnent à
déjouer les pièges et embûches que leur tendent le gouvernement islandais et
l’état-major des Alliés, et tentent de mettre en lumière des compromissions inavouables.
La trilogie est menée de main de maître du polar !
Un entretien long et passionnant avec Eric
Boury, le traducteur d’Arnaldur Indridason et de quelques autres écrivains
islandais, est ici.
La dictature de la junte militaire en
Argentine est le coeur du roman d'Elsa Osorio, Double fond (traduit
de l'espagnol par François Gaudry, Métailié 2018). Dans un récit complexe
et parfaitement maîtrisé, elle y retrace la vie d'une militante enlevée avec
son enfant et qui pactise avec ses ravisseurs et tortionnaires pour sauver la
vie de son fils.
Le récit commence par la découverte
près de Saint-Nazaire du corps noyé d'une femme médecin. L'enquête conclut au
suicide, thèse mise en doute par une jeune journaliste locale qui remonte le
cours de la vie de cette femme. Découvrant un singulier échange de mails, elle
reconstitue peu à peu un puzzle qui s'étire entre Argentine et France, mêlant
prison, torture, passion amoureuse, compromission et trahison, clandestinité
pour tenter de survivre.
Le premier chapitre du roman est sur le
site des éditions Métailié et Elsa Osorio présente brièvement son livre sur le plateau de TV5 Monde.
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