mercredi 20 juin 2018


 Des pages noires dans l’Histoire


 Mêler fiction et événements historiques, les romanciers en sont coutumiers. Le roman policier traque les secrets et les non-dits de l’Histoire pour tisser des intrigues vraisemblables et passionnantes. Aux lecteurs de s’accommoder de l’interprétation, d’identifier les faits réels. Parcours dans l’Histoire du vingtième siècle.


Anila Wilms est albanaise et c’est dans son pays d’origine qu’elle situe l’intrigue de son premier roman : Les assassins de la route du Nord (traduit de l’allemand par Carole Fily, Actes Sud 2018). S’inspirant d’un fait réel, elle retrace des événements qui se sont passés à la fin de la Première Guerre mondiale, alors que l’Albanie vit de profonds changements, que le Sud tente d’imposer sa volonté au Nord, que les puissances étrangères entrevoient de possibles enrichissements dans ce pays méconnu. Deux Américains sont assassinés sur la route du Nord, territoire résistant qui veut continuer de vivre sous le code ancestral du Kanun. Trouver les auteurs du méfait semble d’une grande simplicité, mais les enjeux politiques et diplomatiques mêlés aux rumeurs apparaissent bien plus compliqués.
Anila Wilms offre une aventure foisonnante, mêlée d’humour, teintée de poésie, férue d’histoire. Une présentation du roman est ici et ses premières pages sont disponibles sur le site des éditions Actes Sud.


La Trilogie des ombres d’Arnaldur Indridason comprend Dans l’ombre, La femme de l’ombre, Passage des ombres (Métailié 2017, 2018). Dans l’Islande occupée par les troupes alliées, les trois romans mettent en scène la Situation, ainsi que les Islandais nomment cette période de la Seconde Guerre mondiale, qui a vu la population de Reykjavík doubler en raison de la présence de soldats britanniques et américains.  L’île est un enjeu stratégique, le pays est en plein bouleversement, la population est partagée entre mythologie et modernité. Deux jeunes enquêteurs, un Islandais et un Nord-Américain né de parents islandais, sont chargés d’élucider des crimes où se mêlent le nazisme, la collaboration, la corruption, la diplomatie, l’occupation. Ils s’acharnent à déjouer les pièges et embûches que leur tendent le gouvernement islandais et l’état-major des Alliés, et tentent de mettre en lumière des compromissions inavouables. La trilogie est menée de main de maître du polar !
Un entretien long et passionnant avec Eric Boury, le traducteur d’Arnaldur Indridason et de quelques autres écrivains islandais, est ici. 

 La dictature de la junte militaire en Argentine est le coeur du roman d'Elsa Osorio, Double fond (traduit de l'espagnol par François Gaudry, Métailié 2018). Dans un récit complexe et parfaitement maîtrisé, elle y retrace la vie d'une militante enlevée avec son enfant et qui pactise avec ses ravisseurs et tortionnaires pour sauver la vie de son fils.
Le récit commence par la découverte près de Saint-Nazaire du corps noyé d'une femme médecin. L'enquête conclut au suicide, thèse mise en doute par une jeune journaliste locale qui remonte le cours de la vie de cette femme. Découvrant un singulier échange de mails, elle reconstitue peu à peu un puzzle qui s'étire entre Argentine et France, mêlant prison, torture, passion amoureuse, compromission et trahison, clandestinité pour tenter de survivre. 
Le premier chapitre du roman est sur le site des éditions Métailié et Elsa Osorio présente brièvement son livre sur le plateau de TV5 Monde.


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