lundi 22 décembre 2014

PARMI LES CADEAUX...

Parmi les cadeaux… glissons des livres. Pour offrir du plaisir, du dépaysement, des émotions. Et plus encore, des heures où le quotidien s’anime d’autres vies.

 Suspendre le temps et parcourir l’espace en se plongeant dans Sic transit (Seuil 2014). Ce volume réunit trois livres de Patrick Deville qui sont, selon leur auteur, « trois romans d’aventure sans fiction qui, pendant un siècle et demi, de 1860 à nos jours, entremêlent sur trois continent les vies d’hommes illustres et les vies d’inconnus : Pura Vida en Amérique, Equatoria en Afrique et Kampuchéa en Asie ». Ajoutons le dernier roman de Patrick Deville : Viva (Seuil 2014) qui se situe dans les années 1930, au Mexique où viennent se réfugier Trotsky fuyant procès et persécutions et Malcolm Lowry qui écrit Au-dessous du volcan. Dans la vie bouillonnante des villes mexicaines, ils fréquentent les mêmes artistes, les mêmes écrivains, sans jamais se rencontrer. Leur destin est tracé, l’un mourra assassiné, l’autre poursuivra son errance. Et le Mexique restera terre de révolution.
Les œuvres de Patrick Deville sont foisonnantes et généreuses. Des personnages envoûtants, célèbres et inconnus, des lieux d’une beauté magique, des récits magnifiquement écrits qui s’appuient avec rigueur sur la vérité historique.
Parallèlement à sa vie d’écrivain, Patrick Deville est directeur littéraire de la maison des écrivains étrangers et des traducteurs (meet) de Saint-Nazaire qu’il présente ici.

  Alors que Trotsky trouvait refuge au Mexique, Walter Benjamin cherchait désespérément à fuir l’Europe. C’est ce que dit et montre le récit écrit et dessiné par Frédéric Pajak, Manifeste incertain 3 (Editions Noir sur Blanc 2014), prix Médicis de l’essai 2014. En même temps que les tentatives de fuite de Benjamin, Pajak évoque par les mots et les dessins l’aveuglement d’Ezra Pound. Comme Trotsky et Lowry, ces deux personnalités ne se rencontrent jamais. Epuisé et désespéré, Benjamin se suicide après avoir franchi les Pyrénées. Quant à Pound, rentré aux USA, il y est interné. A sa libération, il s’embarque pour l’Italie qu’il retrouvera en faisant le salut fasciste.
Le Manifeste incertain comprend désormais trois volumes, tous singuliers et magnifiques. Dans ces récits qui font la part de l’histoire et de l’autobiographie, l’encre noire est le point commun entre les images et les mots. Les dessins saisissants de beauté relaient sans le doubler un texte qui ne dit que l’essentiel.Des présentations de l’œuvre de Pajak se trouvent ici et ici. Tandis que on peut l’écouter parler de son œuvre (à partir de la troisième minute).

 Hervé Le Corre est bien connu des amateurs de romans policiers. Son roman le plus récent a, comme les précédents, obtenu plusieurs prix. Les Editions Payot/Rivages publient en format de poche d’anciens romans de ce maître du suspens. Dans L’homme aux lèvres de saphir (première édition 2004), un tueur amoureux d’Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, sévit à Paris dans les années 1870. Vie politique et révolution sociale se mêlent, misère et héroïsme se confrontent à la violence. Les cœurs déchiquetés (première édition 2009) a pour cadre la région bordelaise. Le fils d’un commandant de police a été enlevé, n’est pas retrouvé. Quelques années plus tard, le policier enquête sur l’assassinat d’une jeune femme, mère d’un collégien dont la vie bascule dans l’effroyable. L’adolescent et l’enquêteur sont poursuivis par le même criminel que l’un tente de fuir et l’autre de neutraliser.
Derniers retranchements (Payot/Rivages 2011) regroupe une dizaine de nouvelles, certaines déjà publiées, d’autres inédites. Trois de chute (Editions Pleine Page 2012) rassemble dans une « trilogie bordelaise » trois romans plus anciens parus à la Série Noire.
Lire un roman d’Hervé Le Corre, c’est être pris dans une tension parfaitement maîtrisée, servie par une écriture sensible, précise, belle. Un monde de cruauté, de violence physique et mentale où l’effroi est contrebalancé par la force morale et une profonde humanité.

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