Avec
Joseph Conrad, les périples maritimes sont devenus de véritables aventures. En
ces jours de fortes marées d’équinoxe, découvrons ceux qui saisissent le grand
large et le font tenir dans les pages de leurs livres. Navigateurs chevronnés
ou seuls amoureux du paysage, l’onde est leur souffle.
Dans
ses livres, romans et nouvelles, le Chilien Francisco Coloane (1910-2002) parle du bout du monde. Il y est né, dans
l’île de Chiloé. Son père était capitaine de baleinier. Lui-même sera matelot,
entre autres professions. Le Cap Horn et la Terre de Feu, il les a arpentés par
monts et par vagues, il en connaît les creux et les cavernes, les fous
légendaires, les mythes, les animaux chasseurs, les hommes prédateurs. Depuis
une vingtaine d’années, les éditions Phébus publient son œuvre. Cap
Horn et Le Golfe des peines sont des nouvelles, Tierra del Fuego, Le
Sillage de la baleine des romans, Le Passant du bout du monde est le
récit de sa vie. Tous ont paru en édition de poche (Libretto ou Points).
Lire
Coloane transporte aux confins de l’humain, en compagnie de personnages
singuliers, puissants, déterminés, dans des paysages grandioses et redoutables.
Les éléments sont aussi violents que généreux, la vie est âpre. Et Coloane dit
tout cela dans une écriture limpide comme un cristal, aiguë comme une
stalactite de glace.
Un
portrait de l’écrivain se trouve ici, une présentation de son œuvre est ici. Tandis que là est présentée l’île de Chiloé, avec ses
paysages et ses légendes que l’on retrouve dans l’œuvre de Francisco Coloane.
Aux
antipodes de la Terre de Feu, Björn
Larsson a parcouru mers et océans du nord de l’Europe. Suédois, né en 1953,
il a vécu plusieurs années sur son voilier, enseigne la littérature française à
l’université de Lund, écrit de la fiction en suédois et de la philosophie en
français.
Les
mers de l’Europe du Nord sont le cadre de son premier roman traduit en
français, Le Cercle celtique (Grasset 1995). Sur des flots souvent
tempétueux, deux compères suivent le cours légendaire du cercle celtique en
résistant aux traquenards des hommes et aux déchaînements de la nature. Dans Long
John Silver (Grasset 1995), il imagine une suite à la vie du héros de
Stevenson et de son île au trésor. Le Capitaine et les rêves (Grasset
1999) a été couronné du prix Médicis étranger. Ses ouvrages plus récents, La
véritable histoire d’Inga Andersson (Grasset 2004), Les
Poètes morts n’écrivent pas de romans policiers (Grasset 2012) nouent
des intrigues à suspense sur fond de paysages marins. Il a également publié des
nouvelles, Le Rêve du philologue (Grasset 2009) sous-titrées :
« Nouvelles sur la joie de la découverte » et un essai, Besoin
de liberté (Seuil 2006). Un libraire présente ici avec passion Le Cercle celtique tandis
que son auteur répond là à une longue interview.
Tout
un roman sans un mot. Cela donne Un Océan d’amour de Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione (Delcourt 2014). Cette bande dessinée sans
aucune parole est une longue histoire d’amour imprévisible, entre Bretagne et
Antilles. L’homme est petit, myope, patient, marin. Sa femme est grande, un peu
revêche mais attentive, inquiète lorsqu’il part en mer. Avec raison puisqu’un
soir il ne rentre pas. Le bateau du petit pêcheur a été percuté par un cargo
qui ne l’a même pas aperçu. Mais la femme est certaine que son mari est vivant,
quelque part. Une voyante la met sur une piste. Elle embarque alors à
destination de Cuba tandis que le pêcheur dérive sur l’océan.
Ce
pourrait être banal et simpliste. C’est au contraire subtil et plein de
rebondissements. Les cases se déroulent comme un film muet, entre drôlerie et
tendresse. Pour découvrir l’album, c’est ici.
Autres
planches, pour un classique : Le vieil homme et la mer, librement
adapté par Thierry Murat
(Futuropolis 2014). Quelques lignes du texte original, courtes réflexions,
brefs dialogues, s’intercalent entre les cases et parsèment les dessins. Jaune
et ocre sous le soleil, bleu pour la nuit, les couleurs ponctuent le temps du
récit, les ombres et le trait lui conservent son mouvement. Ce bel album est
présenté ici et le site de son auteur se trouve là.
Bon
vent !
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