vendredi 20 mars 2015

LES GRANDS ESPACES : Mers et océans

Avec Joseph Conrad, les périples maritimes sont devenus de véritables aventures. En ces jours de fortes marées d’équinoxe, découvrons ceux qui saisissent le grand large et le font tenir dans les pages de leurs livres. Navigateurs chevronnés ou seuls amoureux du paysage, l’onde est leur souffle.

 Dans ses livres, romans et nouvelles, le Chilien Francisco Coloane (1910-2002) parle du bout du monde. Il y est né, dans l’île de Chiloé. Son père était capitaine de baleinier. Lui-même sera matelot, entre autres professions. Le Cap Horn et la Terre de Feu, il les a arpentés par monts et par vagues, il en connaît les creux et les cavernes, les fous légendaires, les mythes, les animaux chasseurs, les hommes prédateurs. Depuis une vingtaine d’années, les éditions Phébus publient son œuvre. Cap Horn et Le Golfe des peines sont des nouvelles, Tierra del Fuego, Le Sillage de la baleine des romans, Le Passant du bout du monde est le récit de sa vie. Tous ont paru en édition de poche (Libretto ou Points).
Lire Coloane transporte aux confins de l’humain, en compagnie de personnages singuliers, puissants, déterminés, dans des paysages grandioses et redoutables. Les éléments sont aussi violents que généreux, la vie est âpre. Et Coloane dit tout cela dans une écriture limpide comme un cristal, aiguë comme une stalactite de glace.
Un portrait de l’écrivain se trouve ici, une présentation de son œuvre est ici. Tandis que est présentée l’île de Chiloé, avec ses paysages et ses légendes que l’on retrouve dans l’œuvre de Francisco Coloane.

 Aux antipodes de la Terre de Feu, Björn Larsson a parcouru mers et océans du nord de l’Europe. Suédois, né en 1953, il a vécu plusieurs années sur son voilier, enseigne la littérature française à l’université de Lund, écrit de la fiction en suédois et de la philosophie en français.
Les mers de l’Europe du Nord sont le cadre de son premier roman traduit en français, Le Cercle celtique (Grasset 1995). Sur des flots souvent tempétueux, deux compères suivent le cours légendaire du cercle celtique en résistant aux traquenards des hommes et aux déchaînements de la nature. Dans Long John Silver (Grasset 1995), il imagine une suite à la vie du héros de Stevenson et de son île au trésor. Le Capitaine et les rêves (Grasset 1999) a été couronné du prix Médicis étranger. Ses ouvrages plus récents, La véritable histoire d’Inga Andersson (Grasset 2004), Les Poètes morts n’écrivent pas de romans policiers (Grasset 2012) nouent des intrigues à suspense sur fond de paysages marins. Il a également publié des nouvelles, Le Rêve du philologue (Grasset 2009) sous-titrées : «  Nouvelles sur la joie de la découverte » et un essai, Besoin de liberté (Seuil 2006). Un libraire présente ici avec passion Le Cercle celtique tandis que son auteur répond à une longue interview.

 Tout un roman sans un mot. Cela donne Un Océan d’amour de Wilfrid Lupano et Gregory Panaccione (Delcourt 2014). Cette bande dessinée sans aucune parole est une longue histoire d’amour imprévisible, entre Bretagne et Antilles. L’homme est petit, myope, patient, marin. Sa femme est grande, un peu revêche mais attentive, inquiète lorsqu’il part en mer. Avec raison puisqu’un soir il ne rentre pas. Le bateau du petit pêcheur a été percuté par un cargo qui ne l’a même pas aperçu. Mais la femme est certaine que son mari est vivant, quelque part. Une voyante la met sur une piste. Elle embarque alors à destination de Cuba tandis que le pêcheur dérive sur l’océan.
Ce pourrait être banal et simpliste. C’est au contraire subtil et plein de rebondissements. Les cases se déroulent comme un film muet, entre drôlerie et tendresse. Pour découvrir l’album, c’est ici.

Autres planches, pour un classique : Le vieil homme et la mer, librement adapté par Thierry Murat (Futuropolis 2014). Quelques lignes du texte original, courtes réflexions, brefs dialogues, s’intercalent entre les cases et parsèment les dessins. Jaune et ocre sous le soleil, bleu pour la nuit, les couleurs ponctuent le temps du récit, les ombres et le trait lui conservent son mouvement. Ce bel album est présenté ici et le site de son auteur se trouve .

Bon vent !

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