Rien n’arrête leur
détermination et leur marche pour survivre. Fuyant l’effroi de la guerre et de
la misère, ils franchissent les murs, traversent les frontières, s’engagent sur
la mer. Migrants, réfugiés, demandeurs d’asile, les livres parlent d’eux.
D’abord, une vue du
monde, strié de murs, déchiré par les barbelés, écartelé entre des frontières.
L’ouvrage d’Alexandra Novosseloff et
Frank Neisse, Des murs entre les hommes (La
Documentation française nouvelle édition 2015), dresse un inventaire partiel
des murs qui séparent les peuples, à l’intérieur d’un pays ou en renfort de
frontières aléatoires. De la Corée au Mexique en passant par le Cachemire, de
Palestine au Sahara, de Nicosie à Belfast, les auteurs ont, durant plusieurs
années, scruté les murs de part et d’autre, photographié, enquêté. Leur livre
est un très bel ouvrage, retraçant l’histoire qui a conduit à la séparation,
témoignant de la vie quotidienne qui en résulte.
Flash sur la mer que
tentent de traverser des milliers de migrants sur des rafiots de misère.
Lampedusa est une île de l’extrême sud de la Sicile où ont accosté bon nombre
d’entre eux. Une nuit, Maylis de Kerangal
apprend la nouvelle du naufrage de l’une de ces embarcations de mauvaise
fortune. A ce stade de la nuit (Verticales 2015), écrit-elle. D’abord
lui viennent à l’esprit les souvenirs de Burt Lancaster dans Le Guépard. Puis, à mesure que la nuit
avance et qu’augmente le nombre des victimes qui se comptent par centaines, sa
mémoire continue de dérouler un fil plus intime qui aboutit à cette
réalité : « Lampedusa est seule au monde ».
On peut écouter ici une série de cinq reportages diffusés par
RSR1 (Radio suisse romande) sur les réfugiés qui débarquent à Pozzallo, au sud
de la Sicile (cliquer sur les dates du calendrier pour obtenir la suite des
reportages).
Brigitte
Giraud situe
son plus récent roman, Nous serons des héros (Stock 2015),
dans une ville de la banlieue de Lyon au début des années 1970. Olivio, 8 ans,
et sa mère ont fui la dictature portugaise alors que le père d’Olivio venait de
mourir dans une prison salazariste. D’abord accueillis dans une autre famille
de réfugiés portugais, ils s’installent bientôt dans un logement indépendant,
puis s’en vont habiter avec un rapatrié d’Algérie. En grandissant, Olivio
s’attache à Ahmed, un adolescent immigré dont le père a disparu en Algérie.
Tous deux se rêvent en héros.
Au plus près de la
sensibilité de ses personnages, Brigitte Giraud évoque l’exil, ses silences,
ses non-dits. Elle montre le chaos de la violence, des déchirements, des
arrachements. Elle trace un possible retour où apparaîtra « la sensation
d’être isolé au bout du monde, trop loin de tout. »
Bienvenue ! On
voudrait que ce soit le mot de la fin du terrible voyage et celui du début
d’une vie meilleure. Bienvenue ! : c’est le mot que
lancent 34 auteurs pour les réfugiés (Point 2015). D’Olivier Adam à
Alice Zeniter, écrivains et illustrateurs, avec les Editions Point, offrent
textes et dessins au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
auquel sont destinés les bénéfices de la vente de ce volume. A garder sous la
main et à glisser dans la poche !
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