lundi 21 décembre 2015

EXILS

Rien n’arrête leur détermination et leur marche pour survivre. Fuyant l’effroi de la guerre et de la misère, ils franchissent les murs, traversent les frontières, s’engagent sur la mer. Migrants, réfugiés, demandeurs d’asile, les livres parlent d’eux.

 D’abord, une vue du monde, strié de murs, déchiré par les barbelés, écartelé entre des frontières. L’ouvrage d’Alexandra Novosseloff et Frank Neisse, Des murs entre les hommes (La Documentation française nouvelle édition 2015), dresse un inventaire partiel des murs qui séparent les peuples, à l’intérieur d’un pays ou en renfort de frontières aléatoires. De la Corée au Mexique en passant par le Cachemire, de Palestine au Sahara, de Nicosie à Belfast, les auteurs ont, durant plusieurs années, scruté les murs de part et d’autre, photographié, enquêté. Leur livre est un très bel ouvrage, retraçant l’histoire qui a conduit à la séparation, témoignant de la vie quotidienne qui en résulte.
Toutes les frontières ne sont pas dans ce livre, d’autres murs sont ici.

 Flash sur la mer que tentent de traverser des milliers de migrants sur des rafiots de misère. Lampedusa est une île de l’extrême sud de la Sicile où ont accosté bon nombre d’entre eux. Une nuit, Maylis de Kerangal apprend la nouvelle du naufrage de l’une de ces embarcations de mauvaise fortune. A ce stade de la nuit (Verticales 2015), écrit-elle. D’abord lui viennent à l’esprit les souvenirs de Burt Lancaster dans Le Guépard. Puis, à mesure que la nuit avance et qu’augmente le nombre des victimes qui se comptent par centaines, sa mémoire continue de dérouler un fil plus intime qui aboutit à cette réalité : « Lampedusa est seule au monde ».
On peut écouter ici une série de cinq reportages diffusés par RSR1 (Radio suisse romande) sur les réfugiés qui débarquent à Pozzallo, au sud de la Sicile (cliquer sur les dates du calendrier pour obtenir la suite des reportages).

 Brigitte Giraud situe son plus récent roman, Nous serons des héros (Stock 2015), dans une ville de la banlieue de Lyon au début des années 1970. Olivio, 8 ans, et sa mère ont fui la dictature portugaise alors que le père d’Olivio venait de mourir dans une prison salazariste. D’abord accueillis dans une autre famille de réfugiés portugais, ils s’installent bientôt dans un logement indépendant, puis s’en vont habiter avec un rapatrié d’Algérie. En grandissant, Olivio s’attache à Ahmed, un adolescent immigré dont le père a disparu en Algérie. Tous deux se rêvent en héros.
Au plus près de la sensibilité de ses personnages, Brigitte Giraud évoque l’exil, ses silences, ses non-dits. Elle montre le chaos de la violence, des déchirements, des arrachements. Elle trace un possible retour où apparaîtra « la sensation d’être isolé au bout du monde, trop loin de tout. »
Pour faire connaissance avec Brigitte Giraud, une longue interview se trouve ici.


Bienvenue ! On voudrait que ce soit le mot de la fin du terrible voyage et celui du début d’une vie meilleure. Bienvenue ! : c’est le mot que lancent 34 auteurs pour les réfugiés (Point 2015). D’Olivier Adam à Alice Zeniter, écrivains et illustrateurs, avec les Editions Point, offrent textes et dessins au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés auquel sont destinés les bénéfices de la vente de ce volume. A garder sous la main et à glisser dans la poche !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire