QUELQUES
CONSIDERATIONS (non exhaustives !) SUR LE PRELEVEMENT A LA SOURCE
Tout
va bien dans le meilleur des mondes, telle serait la bande annonce à accrocher au
site du gouvernement (cliquez ici) ou encore ici vantant les mérites du prélèvement à la source. Pas si simple … Il est important de
bien mesurer les conséquences du projet qui va être présenté prochainement au
Parlement dans le cadre de la Loi de Finances pour 2017.
Confier
le recouvrement de l’impôt sur le revenu à un tiers, l’entreprise, n’est pas
anodin. C’est dessaisir et déresponsabiliser une fois de plus le citoyen
devant l’impôt. De direct cet
impôt sur le revenu devient subrepticement indirect à la grande joie des théoriciens de l’impôt dit « indolore ». Ils ajoutent à la CSG et à la TVA déjà payés par
les entreprises pour le compte des contribuables, l’impôt sur le revenu (IR).
Ce qui laisse la porte ouverte à toutes les manipulations, comme par exemple la fusion de la CSG et de
l’IR.
Les
mesure techniques de confidentialité prévues, n’empêcheront pas l’employeur d’avoir
en partie une vue sur la vie privée de ses salariés. En effet le simple fait d’opter
pour l’utilisation d’un taux « neutre » d’imposition signalera à
l’employeur que le salarié a d’autres revenus, information pouvant alors peser
défavorablement sur le salarié lors de la négociation de son salaire.
Que
se passera-t-il quand un employeur partira sans laisser d’adresse ou ne sera plus en mesure de régler
les cotisations sociales, la TVA et … l’impôt sur le revenu de ses
salariés ? Bon an mal an, 60.000
entreprises sont confrontées à des procédures collectives (plan de
sauvegarde, règlement judiciaire et liquidation
judiciaire). Ce sont donc des milliards d’euros qui ne seront pas
encaissés et des milliers de salariés qui seront alors dans l’incertitude
fiscale.
En
cas de changement de situation familiale, de modification des revenus, aux
liaisons contribuables/administration fiscale s’ajoute de fait un intermédiaire :
l’entreprise. En cas d’erreur ou de retard dans la mise à jour, le quidam
s’entendra dire « ce n’est pas moi, c’est l’autre le fautif », un
classique de la bureaucratie ! Notez par ailleurs, que les réductions et
crédits d’impôt ne seront pris en compte
qu’au moment de la liquidation définitive
du dossier, c’est-à-dire en septembre-octobre N+1. Aujourd’hui, dans ce
cas de figure, vous pouvez moduler vos prélèvement dès janvier N+1. Nombreuses
seront les situations où le contribuable fera de l’avance de trésorerie à
l’Etat.
Dans
tous les cas et il faut le répéter, il y aura une déclaration de revenus à
établir en N+1 qui entrainera une régularisation. Si cette dernière dégage un
supplément d’impôt il faudra le régler directement à la Direction des Finances
Publiques. A l’inverse, s’il s’agit d’un trop perçu, le contribuable le
recevra sur son compte bancaire.Quant au taux de prélèvement de l'année N il sera calculé en fait avec les revenus et le barème de l'année N-2 !
Le
taux de recouvrement de l’IR est actuellement proche de 99% et il est un des
meilleurs taux européens. En consultant minutieusement les 32 pages du projet de loi
(cliquez ici) et les 413 pages du rapport présenté au Parlement (cliquez ici) on constate que le risque « d’usine à
gaz » est grand. Projection redoutée aussi par les professionnels de la
fiscalité : pas moins d’un millier d’agents des impôts
ont posté des questions techniques, sur
le forum de leur administration dédié au
prélèvement à la source.
Tout
en conservant le système actuel (déclaration en N+1 et acomptes versés en N+1
au titre de l’IR de N), ce taux de recouvrement pourrait être amélioré en
rendant obligatoire la mensualisation et les paiements par prélèvements sur les
comptes bancaires (actuellement les contribuables ne sont que 70% à utiliser ce
mode de paiement). C’est simple, mais pourquoi faire simple quand on peut faire
compliqué ! Le prélèvement à la
source ne serait-il pas une « embrouille » de plus ?
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