Dans
les livres comme dans la réalité, la vie est âpre, le monde va mal. Dans les
livres comme dans la réalité, de belles personnes résistent, font face,
tiennent bon. Dans la réalité, nous en connaissons, elles forcent notre
admiration. Dans les livres, elles deviennent des personnages inoubliables.
Man Ninotte
était la mère de Patrick Chamoiseau.
Cinq enfants, une vie matérielle éprouvante, une volonté tenace de résister face
à toutes les difficultés.
Dans La
matière de l’absence (Editions du Seuil 2016), Patrick Chamoiseau
évoque avec tendresse et humour cette femme qui a traversé tant de périls. Mais
il n’en reste pas à la chronique familiale et ce n’est pas seulement de la vie
puis de l’absence de cet être bien-aimé dont il parle. C’est toute l’histoire des
Antilles qu’il retrace, celle des peuples, esclaves et colonisés, qui ont tenu
bon à travers les âges pour mener une vie digne et libre.
A partir du
sentiment intime de l’absence de sa mère, Patrick Chamoiseau ouvre au monde, à
l’universel et dévoile une pensée puissante et riche dont la lecture est particulièrement
bienfaisante.
Dans L'Heure
bleue, Laure Adler reçoit Patrick Chamoiseau et une critique du roman est
publiée ici.
Une autre
mère, celle-ci en grand désarroi. Une vie sans cesse chahutée dès l’enfance,
une famille éclatée sous les coups d’un homme qu’elle quitte en emmenant leurs
deux fils. Ceux-ci, devenus délinquants,
trafiquants, sont emprisonnés. La voici seule, dans un appartement dévasté par
une perquisition, en attente d’être expulsée. Non seulement elle n’a plus rien,
mais elle est surtout indésirable pour ses voisins qui ont signé une pétition
exigeant son départ.
Tenir bon,
pour elle, c’est attendre une huissière hautaine dans un appartement presque
vide, c’est se remémorer des années de galère, d’humiliation, de violence,
c’est se demander ce qu’il aurait fallu faire pour éviter ce désastre, c’est
fuir devant le mépris et se dresser avec rage dans la ville.
Pour écrire Par
la ville, hostile (Mercure de France 2016), Bertrand Leclair s’est inspiré d’un fait divers, l’expulsion d’une
famille pour cause de trouble à l’ordre public. Dans un
long entretien, il décrit sa stupeur devant l’absence d’humanité de
l’institution et de la société. Il explique comment il a cherché à se
représenter à lui-même ce qui est fait à l’humain. Ce roman qui donne du corps
et de la chair au malheur est un élan de colère contre l’indifférence.
Parmi tous
les personnages qui évoluent dans Continuer, le roman de Laurent Mauvignier (Editions de Minuit
2016), voici encore une mère qui résiste pour empêcher que son fils, grand
adolescent, sombre dans la délinquance. Face à un père lointain et niant le mal-être
du jeune homme, elle prend des décisions énergiques qui l’engagent : elle
se met en congé de son poste de médecin à l’hôpital, elle vend la maison de ses
parents, sous-loue son appartement et emmène son fils parcourir à cheval les
montagnes du Kirghizistan.
Dans ce
périple, au milieu de paysages grandioses, face à des rencontres pleines
d’humanité ou imprégnées de violence, courant autant de dangers que de
bonheurs, elle tient bon pour soutenir son fils et ose regarder le cours de sa
propre vie.
Pour faire
connaissance avec Laurent Mauvignier, il y a son site et pour
découvrir son roman, il y a une
critique.
En 2017,
tenir bon et… lire encore !
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