Les 9 et 11 janvier, les cadres aussi manifesteront !
François
Hommeril, président de la CFE-CGC (Confédération Française de l’Encadrement), a signé une
tribune dans les Echos du 20 décembre. Il s'élève contre un projet de réforme des retraites
inutile et dangereux qui "fait rentrer le monstre par une porte
dérobée". La CFE-CGC participera avec les confédérations syndicales CGT,
FO, FSU, SOLIDAIRES et les organisations de jeunes UNEF et UNL aux
manifestations des jeudi 9 et samedi 11 janvier.
Au commencement, il y a un doute : quelle est
donc cette réforme pour laquelle le pouvoir est prêt à prendre tous les risques
politiques pour le bien des gens, contre leur volonté ? Et si ce projet
est tellement juste et porteur de progrès, pourquoi ne pas l'appliquer
immédiatement au lieu de prétendre rassurer en étalant sur le très long terme
ce drap de bonheur, de justice et d'équité ?
Ensuite, se révèle le vrai visage de la réforme avec
une étrangeté : pourquoi baisser l'assiette de cotisation au nouveau
régime de 8 à 3 plafonds de Sécurité sociale ? Et ainsi priver le futur
régime des cotisations nécessaires à équilibrer les droits déjà
acquis. Un trou qui se creusera méthodiquement pour atteindre 65 milliards
d'euros et dont on nous dit que les réserves actuelles pourraient être
mobilisées pour le combler. Exiger le maintien de l'assiette de cotisation,
c'est défendre l'ensemble des salariés, tous salaires confondus, ayant
constitué des réserves pour se prémunir des aléas économiques et des vagues
démographiques que le projet veut utiliser à d'autres fins.
Après vient
le débat sur la part des retraites dans le PIB. Comptabilisées dans les
dépenses publiques, nos retraites sont mal vues par Bruxelles : 14 %,
c'est beaucoup trop. Il faut abaisser ce chiffre comme la Commission le
recommande inlassablement à la France depuis des années. Comme un aveu, le
nouveau commissaire français se réjouit de cette réforme « nécessaire
» . En France, le temps de vie en retraite a plus que doublé en
soixante-dix ans par l'effet de la productivité, de la croissance et du progrès
social. Ainsi, on déciderait que le progrès s'arrête là, que les futurs gains
de productivité ne profiteront plus au travail et à la partie différée du
salaire servie en retraite. Voilà le destin promis à la retraite par
répartition dans un système unique à points : la décroissance, chacun
étant invité, selon ses moyens, à mieux se pourvoir avec des régimes
complémentaires par capitalisation.
Les avis
convergent pour contredire la communication gouvernementale. Non, le futur
système ne fait pas une bonne place aux carrières incomplètes, notamment celles
des femmes qui seront défavorisées par l'âge et le niveau de pension. Les
carrières dites « ascendantes », qui identifient la classe moyenne,
seraient aussi défavorisées par l'abandon de la référence aux 25 meilleures
années. Quant aux agents des fonctions publiques, ils sont inondés de
belles promesses que chacun sait intenables avec un point d'indice bloqué
depuis dix ans comme preuve de la valeur des engagements de l'Etat.
Futur système « irréversible »
Pourtant, le
gouvernement s'arc-boute. Méprisant la pertinence des critiques et la justesse
des revendications, il s'en tient à un défaut de pédagogie pour seule excuse du
désordre et de l'inquiétude que son projet suscite dans le pays tout entier.
En diminuant
l'assiette de cotisation, en décrétant la baisse nécessaire de la répartition
dans le PIB, en renvoyant le calcul des pensions à une seule valeur de point
aussi aléatoire que les crises économiques à venir sont certaines, le projet de
l'exécutif rend nécessaire l'établissement de régimes complémentaires par
capitalisation. Voilà pourquoi, toutes concessions faites aux grincheux, il
faut rendre le futur système « irréversible ».
Dans un
modèle social français déconstruit par trente années de réformes néolibérales,
la retraite par répartition est la dernière citadelle à prendre. Depuis des
lustres, les grands fonds de pensions internationaux lorgnent avec
gourmandise sur la retraite française . Avec son projet de régime unique,
le pouvoir fait rentrer le monstre par une porte dérobée.
En rentrant dans le mouvement de mobilisation
contre un projet de réforme inutile et dangereux, la CFE-CGC et ses militants
témoignent de leur volonté inébranlable de rester dans un système de garanties
collectives, de contribuer à la solidarité nécessaire pour une société juste et
pacifiée, et d’en être les acteurs responsables
Tout à fait d'accord avec cette analyse. C'est pourquoi le 9 j'irai manifester!
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