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Mes
amis lecteurs installés en Lituanie, aux États-Unis, en Israël ou ailleurs se posent certainement la
question suivante : mais que se passe-t-il en France ? Voici
donc les quelques éléments de réponse
qui me paraissent les plus pertinents.
Dans
un récent article de presse, Edgard Morin, sociologue et philosophe, écrit
ceci :
« La longue apathie de
nos concitoyens devant les multiples restrictions et suppressions appelées
réformes donnait l’illusion de l’acceptation ou de la résignation. Alors qu’une
fois de plus un feu couvait dans le sous-sol d’un édifice qu’on croyait stable,
et la taxe carbone a fait la brèche qui l’a déchaîné. »
Une
autre philosophe, Valérie Charolles ajoute :
« Ce qui rend la
situation d’aujourd’hui particulièrement explosive, c’est que ceux qui
manifestent n’ont pas grand-chose à perdre : en trente ans de politique
visant à permettre aux entreprises de se développer dans la perspective, qui
s’est révélée illusoire, que cela bénéficie à leurs salariés, ils ont perdu
leurs illusions mais aussi leurs moyens financiers. Et ils ont regardé se créer
une catégorie d’ultra riches qui ont profité du capitalisme mondialisé, souvent
trouvé les moyens de ne pas verser les impôts qu’ils auraient dû payer, et
auxquels on continue de faire des cadeaux fiscaux. L’injustice profonde de ce
système est ce qui fait la puissance du mouvement actuel. On taxe le diesel et
l’essence de la voiture particulière, mais pas le fioul lourd des navires qui
transportent les marchandises, ni le kérosène des avions. On taxe toutes les
transactions, excepté les transactions sur les marchés financiers, alors que la
France soutient une telle mesure depuis 2008 et qu’un mécanisme européen a été
prévu à cet effet. »
A
l’Assemblée Nationale des interventions
dans le débat du 5 décembre illustrent ces propos :
« Des millions et des millions de Français ont
choisi, pour eux et leurs enfants, comme leurs parents avant eux, de vivre
dans des petites communes rurales, des bourgs centre, des petites villes de
province. Ils aiment la France, ils sont attachés à leur terroir, ils
n’aspirent pas forcement au grand large d’une mondialisation débridée. Ils
contribuent, par leur travail, à la prospérité du pays. Ils ne demandent qu’une
chose, simple mais restée étrangère à M. Macron : le respect de ce qu’ils sont
au plus profond d’eux-mêmes.
La faute de ce Président, la vôtre aussi, c’est d’abord
ce manque de respect. Oui, les "illettrées de Gad", les "Gaulois
réfractaires", "ceux qui ne sont rien", "ceux qui roulent
au diesel et fument des clopes" et tant d’autres, ont décidé de
relever la tête. » (Christian Jacob Président du
groupe L.R )
« Comment avez-vous pu de façon si offensante dire
aux gens du commun qu’ils rouleront moins et pollueront moins s’ils payent plus
leur carburant. Cela alors que l’urbanisme les éloigne de tout. Les gens savent
bien qu’ils ne peuvent pas rouler moins. Alors faute de rouler moins, ils
mangeront moins, se soigneront moins.
L’écologie n’a rien à voir avec vos mesures. On ne peut
pas être en même temps l’ami des riches et celui du genre humain. Car les
riches n’ont que des intérêts particuliers, et seul le peuple porte en
bandoulière l'intérêt général. » (Jean-Luc Mélenchon Président
du groupe LFI)
A
l’heure où j’écris ces lignes, le gouvernement a décidé d’annuler la hausse de la taxe
carbone portant sur les carburants applicable au 1er janvier 2019. Un premier pas qui en appelle d’autres
…
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