jeudi 6 décembre 2018


YELLOW

 Mes amis lecteurs installés en Lituanie, aux États-Unis, en Israël  ou ailleurs se posent certainement la question suivante : mais que se passe-t-il en France ? Voici donc  les quelques éléments de réponse qui me paraissent les plus pertinents.

Dans un récent article de presse, Edgard Morin, sociologue et philosophe, écrit ceci :
« La longue apathie de nos concitoyens devant les multiples restrictions et suppressions appelées réformes donnait l’illusion de l’acceptation ou de la résignation. Alors qu’une fois de plus un feu couvait dans le sous-sol d’un édifice qu’on croyait stable, et la taxe carbone a fait la brèche qui l’a déchaîné. »
Une autre philosophe, Valérie Charolles ajoute :
« Ce qui rend la situation d’aujourd’hui particulièrement explosive, c’est que ceux qui manifestent n’ont pas grand-chose à perdre : en trente ans de politique visant à permettre aux entreprises de se développer dans la perspective, qui s’est révélée illusoire, que cela bénéficie à leurs salariés, ils ont perdu leurs illusions mais aussi leurs moyens financiers. Et ils ont regardé se créer une catégorie d’ultra riches qui ont profité du capitalisme mondialisé, souvent trouvé les moyens de ne pas verser les impôts qu’ils auraient dû payer, et auxquels on continue de faire des cadeaux fiscaux. L’injustice profonde de ce système est ce qui fait la puissance du mouvement actuel. On taxe le diesel et l’essence de la voiture particulière, mais pas le fioul lourd des navires qui transportent les marchandises, ni le kérosène des avions. On taxe toutes les transactions, excepté les transactions sur les marchés financiers, alors que la France soutient une telle mesure depuis 2008 et qu’un mécanisme européen a été prévu à cet effet. »

A l’Assemblée Nationale  des interventions dans le débat du 5 décembre illustrent ces propos :
« Des millions et des millions de Français ont choisi, pour eux et leurs enfants, comme leurs parents avant eux, de vivre dans des petites communes rurales, des bourgs centre, des petites villes de province. Ils aiment la France, ils sont attachés à leur terroir, ils n’aspirent pas forcement au grand large d’une mondialisation débridée. Ils contribuent, par leur travail, à la prospérité du pays. Ils ne demandent qu’une chose, simple mais restée étrangère à M. Macron : le respect de ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes.
La faute de ce Président, la vôtre aussi, c’est d’abord ce manque de respect. Oui, les "illettrées de Gad", les "Gaulois réfractaires", "ceux qui ne sont rien", "ceux qui roulent au diesel et fument des clopes" et tant d’autres, ont décidé de relever la tête. » (Christian Jacob Président du groupe L.R )

« Comment avez-vous pu de façon si offensante dire aux gens du commun qu’ils rouleront moins et pollueront moins s’ils payent plus leur carburant. Cela alors que l’urbanisme les éloigne de tout. Les gens savent bien qu’ils ne peuvent pas rouler moins. Alors faute de rouler moins, ils mangeront moins, se soigneront moins.
L’écologie n’a rien à voir avec vos mesures. On ne peut pas être en même temps l’ami des riches et celui du genre humain. Car les riches n’ont que des intérêts particuliers, et seul le peuple porte en bandoulière l'intérêt général. » (Jean-Luc Mélenchon Président du groupe LFI)


A l’heure où j’écris ces lignes, le gouvernement a décidé d’annuler la hausse de la taxe carbone portant sur les carburants applicable au 1er  janvier 2019. Un premier pas qui en appelle d’autres …

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