vendredi 21 juin 2019


DU NOIR TOUT EN NUANCES
Du tragique au déroutant, des romans noirs pour les claires journées d’été.
 Le plus noir est le roman de Richard Morgiève, Le Cherokee (Editions Joëlle Losfeld 2019). En 1954, au temps de la guerre froide, Nick Corey est le shérif du comté de Garfield, en Utah. Lors d’une ronde de nuit, il découvre une voiture abandonnée et assiste à l’atterrissage d’un avion chasseur sans pilote. Ces événements mettent en branle l’armée et le FBI. Mais dans cette enquête à laquelle il participe, le shérif est surtout confronté à son passé : ses parents ont été assassinés lorsqu’il était adolescent et il a été accusé de ce crime. Après un séjour en prison, il s’était engagé dans l’armée. Aujourd’hui, des indices lui laissent penser que l’assassin de ses parents est réapparu. Corey le traque. Alors se déroule une chasse à l’homme cruelle, brutale, où le shérif est tantôt le poursuivant, tantôt le poursuivi, où resurgissent des fantômes, où les sentiments sont des remparts contre la lâcheté.
On peut lire une critique élogieuse et écouter l’auteur qui parle de son roman.

 Le plus subtil nous emmène par contours et détours jusqu’à la résolution de l’énigme qui n’est finalement que suggérée. Car c’est le talent d’Yves Ravey, dans son dernier roman Pas dupe (Editions de Minuit 2019) – comme d’ailleurs dans les précédents –, de laisser ses lecteurs errer, imaginer, lire entre les lignes.Tippi, la femme du narrateur, est retrouvée morte au fond du ravin où s’est fracassée sa voiture. Costa, l’inspecteur, suppose une piste accidentelle sans toutefois éliminer de son esprit la possibilité d’un crime. D’indices en présomptions, d’interrogatoires en réflexions, son enquête avance au gré de la rencontre des diverses personnes de l’entourage de Tippi et de son mari. Il y a le beau-père de ce dernier, un assureur qui fut l’amant de Tippi et la voisine du couple. De l’enquêteur et du narrateur, aucun n’est dupe. On peut écouter Yves Ravey qui présente son roman – avec précaution pour en sauvegarder le suspens – et lire les premières pages.

Le plus mordant oscille entre réalisme et dérision. Les mafieuses de Pascale Dietrich (Editions Liana Levi 2019) sont les personnages féminins de la famille de Leone Acampora, mafioso grenoblois. La vie familiale s’est déroulée sans anicroche : une épouse complaisante, une fille pharmacienne qui vend de la dope dans des emballages de granules homéopathiques, une autre qui s’est plongée dans l’humanitaire où elle est confrontée à des malfaisances qui la déboussolent. Acampora est un vieillard et la maladie lui grignote l’esprit. Mais avant de quitter son monde, il a laissé une lettre dans laquelle il annonce que, pour effacer l’offense d’une ancienne infidélité, il lance un tueur aux trousses de sa femme. Mère et filles montent au front pour rechercher l’exécuteur. Les mafiosi de toute espèce ont de quoi craindre la férocité féminine. Sous des allures iconoclastes et drôles, c’est un regard acéré et tonique sur le machisme, quel qu’il soit.

On peut écouter Pascale Dietrich et lire le début de son roman.

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